Un massacre toujours dans les esprits

Il y a quarante ans, le 18 novembre 1978, 914 adeptes de la secte du Temple du Peuple se donnaient la mort à Guyana. Ce mouvement était mené par Jim Jones l’un des gourous mondiaux les plus tristement célèbres, connu pour avoir ordonné le suicide de ses fidèles. Ce macabre anniversaire permet de revenir sur le parcours du leader et de son mouvement.

Ayant grandi dans un milieu religieux, Jim Jones se marie avec une infirmière. Il s’intéresse au milieu médical et devient en 1952 pasteur méthodiste avant de devenir pentecôtiste. En 1955, il ouvre dans un quartier d’Indianapolis une église baptisée le Temple du Peuple. Son idée est de regrouper noirs et blancs dans une seule église. Il défend les droits civils pour tous, l’égalité des sexes et la justice sociale. Il prétend alors avoir le pouvoir de faire changer les choses. Avec l’aide de sa compagne, il cherche des moyens d’attirer des nouveaux fidèles en employant des détectives privées chargés de se renseigner et de donner des informations à Jones sur des potentielles recrues. Cela lui permet de leur faire croire qu’il les connait et qu’il a des intuitions divines. Il prétend aussi faire des guérisons miraculeuses en extrayant de la bouche de fidèles malades des tumeurs qui sont en fait des foies de poulet cachés dans sa manche. Jones affirme être le un prophète envoyé par Dieu et la réincarnation de Moise, Lénine, Bouddha et Jésus-Christ.

Le leader accompagné de centaines de fidèles déménagent en 1965 à Ukiah en Californie puis à San Francisco. Son emprise devient alors plus importante, il demande à ses fidèles une dévotion totale les menaçant d’une réincarnation en cellule microscopique s’ils lui désobéissent. Au cours des années 1970, le Temple du Peuple connait un véritable succès, gagne d’importantes sommes d’argent et jouit d’une certaine notoriété auprès de la classe politique et médiatique. Des enquêtes postérieures au suicide collectif montrent les liens de Jim Jones avec plusieurs hommes politiques et sa participation à la campagne de Jimmy Carter en 1976. À la même époque cependant apparaissent les premiers soupçons sur la personnalité de Jim Jones et ses activités. Il humilie publiquement certains de ses adeptes suspectés d’avoir péché, utilise le chantage et la violence pour maintenir l’ordre parmi ses adeptes. Le San Francisco Examiner publie plusieurs articles sur les abus commis par le leader. Par la suite, plusieurs plaintes sont déposées pour tentative d’homicide, usage de drogue ou détournements de mineurs. La justice ne réagira pas à ces plaintes compte tenu des relations de Jim Jones avec le procureur de San Francisco.

Face à l’accumulation d’accusations, Jim Jones et son mouvement décident de quitter les États-Unis et fuient vers le Guyana, pays socialiste correspondant aux idéaux du groupe. Le gourou fonde alors une communauté baptisée « Jonestown ». Ses adeptes, en majorité noirs américains, vivent un véritable supplice, contraints de travailler de longues heures et vivant dans la peur d’une apocalypse imminente. Une nuit chaque semaine, les fidèles doivent ingurgiter et faire ingurgiter à leurs enfants un faux poison. Jim Jones isole encore un peu plus ses adeptes du monde extérieur ne leur permettant pas de s’informer par la presse ou de contacter leur famille. Leur seul moyen d’information étant les discours du gourou.

Le 17 novembre 1980, Leo Ryan membre du Congrès américain, se rend au Guyana suite à des plaintes de proches d’adeptes du groupe. Le lendemain, alors qu’il s’apprêtait à repartir, Il est assassiné par des hommes de Jim Jones. Trois journalistes qui l’accompagnaient sont aussi tués. La même journée plus de 900 adeptes du mouvement se donnent la mort avec du poison. Plusieurs personnes ne sont pas décédées suite à l’absorption de poison mais fusillées. Jim Jones est retrouvé mort avec une balle dans la tête sans que l’on sache s’il s’est suicidé ou s’il a été tué.

(Sources: Rolling Stone, 05.11.2018 & Radio Canada, 16.11.2018 & Le Figaro, 18.11.2018)

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