TVIND / HUMANA

L’empire Tvind / Humana / UFF

Début 1999, l’attention d’une jeune Française désireuse de donner de son temps à une organisation humanitaire est attirée par une annonce parue dans un mensuel vendu en kiosque. C’est une invitation à se rendre tous frais payés en gare centrale de Copenhague un vendredi soir, pour y être prise en charge par l’organisation en vue d’un travail humanitaire au Danemark ou à l’étranger.

Effectivement une quinzaine de jeunes européens variés, plutôt riverains de la Baltique, étaient au rendez-vous et sont partis en minibus vers un centre situé en Fionie. Celui-ci couvrait une douzaine d’hectares abritant des bâtiments scolaires avec internats. Briefing incessant durant l’heure-et-demie de trajet, simple introduction pour le week-end intensif, où furent vantées toutes les vertus de cette organisation d’extension mondiale vouée à la lutte contre le sous-développement. Pour commencer, afin d’être capable de tenir leur rôle, les engagés doivent verser cash l’équivalent de 8 000 FF, et il est entendu qu’ils travailleront aussi manuellement dans le même but … À noter que courant 1998 un Russe, s’estimant doublement grugé, a porté plainte.

Au terme du week-end, au moins le quart des invités avaient signé leur engagement, tandis que notre compatriote, flairant la mésaventure, était rentrée en compagnie d’une danoise. Celle-ci lui a dit s’être entretenue là avec une très jeune scandinave, qui lui avait semblé plutôt séquestrée sous prétexte de maladie, et qui lui avait recommandé de déguerpir au plus vite.

À noter que les candidat(e)s français ont paru moins convoités que d’autres. Leur esprit critique serait, parait-il, peu apprécié.

Curieuse puissance

Oui, curieuse puissance que celle fondée dans la foulée de 1968 par un instituteur, que la très tolérante Autorité Académique danoise avait dû se résoudre à révoquer pour sa tenue par trop bizarre. C’est alors que, s’estimant expert, ce réprouvé a fondé les  » Petites Écoles  » comme centres d’accueil pédagogiques privés pour enfants et adolescents en difficulté (cas sociaux).

En fait de ressources, on connaît les campagnes de récolte de vêtements par containers qui rapidement ont eu lieu dans bien des pays européens. Bientôt l’État Danois subventionne les Petites Écoles, et ce jusqu’en 1996, date à laquelle le Ministre de l’Instruction Publique a fait voter la  » loi Tvind  » qui supprimait la majeure partie des subventions ; mais celle-ci a été abrogée en 1998 comme ayant été votée de manière irrégulière.

La traînée de poudre

Pendant cette période de difficultés au Danemark, ce que la presse danoise a qualifié de  » empire  » ou de  » cartel Tvind  » s’est puissamment répandu dans le monde entier, notamment dans les pays sous-développés, si bien que la direction centrale est maintenant au Zimbabwe, sous le nom de UFF / Humana, avec de vastes bâtiments et sous la protection des autorités officielles.

Tvind travaille avec les États-Unis, y fondant les mêmes structures (ramassage de vêtements, écoles). En Amérique Centrale et en Amérique du Sud ce sont surtout des plantations, sources de revenus très sûrs.

Plus récemment des entreprises Tvind du même type sont apparues en Inde, puis en Chine. Leur présence est aussi mentionnée en Polynésie Française et en dernier lieu en Italie et au Portugal (carte d’ensemble disponible à l’UNADFI).

Tout ceci est d’autant plus curieux que le fondateur, 60 ans en 1999, a complètement disparu depuis 20 ans, selon une information de la presse danoise datant de janvier dernier.

Association internationale contre Tvind

Le 22 novembre 1998 le quotidien danois Jylland Posten, sous la plume de Lars Roger Sörensen, signalait sous le titre  » La lutte contre Tvind devient internationale  » la fondation à Copenhague de la  » Foreningen Mod Tvind  » (Association contre Tvind), dont l’association danoise  » Dansk Foreningen Mod Tvind  » fait partie.

Cela fait suite à la constatation par les organisations nationales que séparément, au bout de 26 ans, elles n’ont pas pu traiter ce sujet d’ampleur internationale.

Le porte-parole norvégien, Morten Petersen, s’exprime de concert avec ses collègues danois, suédois et allemands sur un site Internet. Des contacts sont établis avec les États-Unis, les Pays-Bas et la Belgique.

Le but est :  » d’obtenir le maximum de renseignements et de donner, aux gens, aux enseignants et aux élèves qui sont dans le système Tvind, la possibilité de se renseigner à une source autre que celle du Cartel « .

Dans beaucoup d’institutions Tvind les journaux ne sont pas phénomènes quotidiens.

Nouvelle poussée au Danemark

Courant 1998, la pression gouvernementale ayant été vaincue, une maison socio-pédagogique Tvind (Petite École) s’est installée à Nakkeböle dans un ex-sanatorium ; la capacité de cette maison, prévue au départ pour une centaine de jeunes cas sociaux, a été réduite à 60. Cette installation a été réalisée malgré l’opposition de 70% des habitants de la commune et celle très déterminée des spécialistes de ces questions, considérant une telle concentration comme criminogène. Partout la norme admise se situe entre 5 et 8 au même endroit. Bravant l’opinion Poul Jörgensen, porte-parole de Tvind, a déclaré que 10 nouveaux centres du même genre ont été fondés récemment et que 9 autres sont en préparation.

L’article conclut :  » Il a trouvé une nouvelle méthode pour abuser de l’État Danois, et probablement de l’État Norvégien « .

Humanitaire, Tvind ?

Il s’impose d’examiner la face cachée … et le tiroir-caisse ! .
source : Bulles 62
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Cinq témoignages récents donnés à l’ADFI par des personnes entre 20 et 34 ans, qui ont été interceptées à partir de petites annonces, nous incitent à revenir sur Tvind (cf. BULLES n° 62 et…). Ces parutions dans BULLES ont été secourables pour déssiller les yeux de personnes engagées sur cette voie désastreuse.

TVIND, HUMANA, PEOPLE TO PEOPLE, HOPE, PLANET AID (Massachusetts), TRAVELING FOLK HIGH SCHOOL TVIND, NET UP etc.. : masques variés, même arnaque.

Les annonces de ce  » cartel  » danois (la presse locale parle d’empire ou de cartel) continuent à paraître dans des revues lues par de jeunes adultes, en France , en Grande Bretagne, en Scandinavie, dans les Pays Baltes, en Russie, etc. Elles attirent les esprits généreux, qui ont envie de donner de leur jeunesse au  » Tiers  » ou au  » Quart monde « . Ainsi une fois de plus les meilleurs d’entre les jeunes risquent une grossière exploitation.

Autorités compagnes de route; mais d’autres très pugnaces

Il y a lieu de souligner, qu’en dépit de réactions vigoureuses au niveau gouvernemental danois, des autorités locales, voire judiciaires, avec d’honorables raisons prêtent la main à des dévoiements qui risquent de briser des vies. Eté 2000, une très importante municipalité au Nord de Copenhague a autorisé Tvind à installer sur son territoire une de ses  » Efterskoler  » destinées à des cas sociaux… Ces autorités versent des subsides en se donnant les gants de l’action sociale (comme ce fut le cas pour Le Patriarche), et parce qu’elles croient traiter un problème à peu de frais, satisfaisant ainsi l’électorat. Comme par hasard, il s’est trouvé un universitaire pour écrire excathedra dans la presse quotidienne de manière favorable à Tvind, contredisant un témoignage majeur paru dans un grand quotidien. Ce n’est tout de même pas pour rien que le Ministère danois de l’Enseignement a refusé en 1999 les subventions d’Etat à 11 des 31 écoles de Tvind établies dans le pays. Le pugilat de la secte et de la justice dure depuis au moins 1996 (cf. BULLES n° 63). Fin décembre 1999 cette affaire, dont les juristes font, semble-t-il, leurs délices, est devenue une affaire d’Etat. Politiken du 26 décembre 1999 titrait :  » Le Parlement danois devant la Cour Suprême « .  » La loi spécifique [dite loi Tvind, Ndlr], qui a privé 32 écoles Tvind, nommément désignées, des subventions de l’Etat, se retourne comme un boomerang contre le Parlement. En effet, à l’unanimité des juges, la Cour d’Appel de l’Est a estimé que la loi spécifique était contraire à la Constitution, qui pose le principe de la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire « .  » En supprimant la subvention d’Etat, le Parlement s’est érigé en juge « .  » L’art 13 de la Constitution protège les citoyens de par la loi… Le Parlement a commis une erreur dans ce cas « , car il s’est érigé en juridiction d’exception. Cet arrêt a été approuvé par un professeur de Droit public de Aarhus.

En revanche, suite aux accusations de détournement de fonds, de l’ordre de 60 millions de Kr, (55 millions FF) selon d’anciens employés de Tvind à la TV danoise officielle en août 2.000, la police judiciaire spécialisée dans la délinquance économique a lancé une enquête portant sur six ans des activités de Tvind-Fond, gérante des finances de Tvind. Il s’agit d’établir si Tvind, qui est exonéré d’impôts au titre de ses projets de bienfaisance, a détourné des fonds vers les diverses organisations rattachées à son système. Ceci fait aussi suite à l’absence de réponses de Tvind à d’innombrables injonctions à payer émises par les Ministères de la Justice et du Trésor, ainsi que des Douanes, qui suivent de très près cette affaire. (Frederiksborg AMT avis, 1 sektion, 23/8/2000 p.6)

Un transfuge de belle venue

Le Kritelig Dagblad (Copenhague 27/7/1999) avait pourtant publié le récit de Steen Thomsen dont l’original comporte 35 pages. Membre de l’équipe directrice de Tvind jusqu’en 1998, c’est-à-dire pendant 25 ans, Thomsen expose ceci :

 » Le leader et fondateur du groupe, Mogens Amdi Petersen, [60 ans, instituteur révoqué par son ministère. Ndlr] contrôle les membres du  » laerergruppen  » [équipe de direction, Ndlr] de toutes les façons : leur économie privée, leur vie intellectuelle, sociale, sexuelle. Selon Thomsen la  » secte Tvind peut être considérée comme ressemblant sur bien des points à la secte Moon… Cette ressemblance consiste en la stricte hiérarchie, en son expansion mondiale et en son caractère entreprenant « .

 » Au cours de longues années, j’ai soutenu de tout mon cœur les activités de Tvind ; j’ai offert mon salaire, mon patrimoine, ma vie privée et mon droit de m’exprimer et de penser librement; mais ensuite mon soutien a diminué, et il a dépendu de la pression. Le fait que cela m’ait pris si longtemps de quitter le « laerergruppe » peut être expliqué en gros par le fait que, pendant beaucoup d’années, j’ai considéré Tvind comme une organisation pour la recherche de libération, avant qu’elle m’apparaisse comme secte avec toutes ses caractéristiques. « 

 » Les membres de Tvind sont guidés par un maître à penser qui est extrêmement attirant, avec des traits de personnalité psychopathologiques, paranoïdes et mégalomaniaques. L’organisation est fermée au reste de la société. Elle postule qu’à l’extérieur elle est entourée d’ennemis. Le mouchardage et le soupçon réciproques vont de pair avec une structure étroitement dirigée à partir du sommet. Les membres sont affaiblis, par exemple, au moyen du manque de sommeil ou par le mode journalier de nourriture. La terreur est monnaie courante par exemple en dénonçant certaines personnes devant d’autres membres de la secte. « 

 » 6 à 700 ex-membres pensent que Tvind est une des sectes à extension mondiale les plus puissantes « , écrit Thomsen.  » Cela va de l’exploitation forestière au Brésil et à Bornéo, jusqu’à l’entreprise commerciale de Pékin « .

Les trois buts de l’organisation, selon le même, sont :

1. Se procurer de l’argent ;
2. Organiser des groupes dans le monde entier à l’intérieur de Tvind ;
3. Développer le pouvoir de Mogens Amdi Petersen.

Point de vue du psychanalyste

Cyril Malka, psychanalyste, qui s’est spécialisé lors de son exercice au Danemark dans le traitement de personnes ayant souffert de traumatismes dus aux groupes totalitaires ou à des sectes religieuses, a été au contact de plusieurs transfuges de Tvind, mais sans toutefois les avoir traités. Il a déclaré au Kristelïg Dagblad (ibid.) :

 » Tout de même je peux dire d’après mon expérience que Tvind ressemble beaucoup à la secte Moon et à la Scientologie. Je ne vois aucune différence essentielle, bien que Tvind repose sur une idéologie politique, et non pas sur une conception religieuse de la vie. En tous cas, selon mon évaluation, je veux dire que le contrôle des membres est plus étroit chez Tvind … que chez les Témoins de Jéhovah. Là au moins les membres ont une certaine forme d’autonomie « .

Mais quid de Mogens Amdi-Petersen ?

Ce génie de l’organisation, passé du tableau noir à la carambouille, en pas-sant par la fripe, dont il faut aussi rappeler qu’il a été, après sa révocation de l’enseignement public dans ce Danemark ultra libéral, le promoteur indiscuté de l’énergie éolienne, et de son expansion dans le pays, n’avait pas reparu depuis vingt ans lorsque, début 1999, la presse a signalé le soixantième anniversaire du fondateur. Brusquement, ce printemps 2000, il a dû sentir le besoin de resserrer les rangs. Une grande réunion des cadres venus des cinq continents a lieu dans sa somptueuse résidence personnelle en Floride. Cette fois c’est dans le sens Est-Ouest qu’une secte a franchi l’Atlantique Nord. Elle n’est pas encore reconnue comme religion par le fisc fédéral américain (IRS). Patience ! Elle est si charitable !

En attendant, il convient d’être vigilants en France même, mais aussi en Polynésie française (cf. Morgen Avïsen, Jullands Posten, 1/3/1998), car la direction comptait bien sur les dernières recrues françaises pour relancer l’affaire parmi ces récalcitrants de Français.
A noter l’existence d’une association interscandinave opposée à Tvind : adresse au Danemark :Foreningen mod Tvind i Danmark, c/o Bent Johanessen, Valmuevej 8, DK 8800 Viborg
source : Bulles 69

Tvind Humana

Hans La Cour (HCL), citoyen danois, a vécu pendant 18 ans dans l’organisation Tvind-Humana, sous la contrainte du fondateur Mogens Amdi Petersen (MAP), qui après son arrestation en février 2002 à Los Angeles, y a été emprisonné. Il vient d’être extradé des USA au Danemark (septembre 2002). Il y est incarcéré en attente de son jugement et la liberté sous caution vient de lui être refusée, de peur qu’il ne s’enfuie.
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