Il y a 20 ans, le massacre de l’OTS

Le 23 décembre 1995, seize corps carbonisés dont ceux de trois enfants (âgés de deux, quatre et six ans) sont découverts à Saint-Pierre-de-Chérennes (Isère), au coeur du massif du Vercors. Tous étaient membres de la secte apocalyptique de l’Ordre du temple solaire. Ils ont péri au cours d’un sacrifice collectif censé leur permettre un « transit » sur la planète Sirius.1

Les évènements se sont produits dans la nuit du 15 au 16 décembre 1995. Les autopsies et expertises révèlent que deux membres de la secte (dont un policier français) ont tué par balles les autres membres après leur avoir administré des sédatifs, avant de se donner la mort.

Les enquêteurs font rapidement le rapprochement avec les scénarii quasi identiques du Québec et de la Suisse qui se sont déroulés un an plus tôt2. Cinquante- trois autres membres de l’OTS, dont leurs leaders Jo di Mambro et Luc Jouret avaient été tués par balle avant d’être brûlés.
La mort des dirigeants aurait pu signer la fin de l’OTS. Mais non. Di Mambro avait laissé des consignes écrites avant de se « retirer » : « Là où nous serons,
nous tendrons les bras vers ceux et celles qui seront dignes de nous rejoindre.»
L’instruction du juge Fontaine va mener à un procès qui s’ouvrira en avril 2001. Au bénéfice du doute, pourtant soupçonné d’être sinon le gourou, du
moins « l’idéologue» de l’OTS, l’unique prévenu, le célèbre chef d’orchestre Michel Tabachnik sera relaxé par le tribunal correctionnel de Grenoble. Il en
sera de même en appel.
Interviewé dans le cadre de ce sinistre anniversaire, Luc Fontaine, s’en explique : « J’avais 38 ans et j’étais juge d’instruction à Grenoble depuis un mois.
Lorsque ce dossier inimaginable m’a été confié, il a fallu se plonger très rapidement dans cette affaire absolument hors norme, en liaison avec les massacres suisses de Salvan et Cheiry (Suisse) d’octobre 1994. » « En fait, il existait deux thèses plausibles intellectuellement : soit le groupe met en place et exécute son projet à partir de son idéologie ésotérique, soit l’ésotérisme masque une autre thèse qui justifie un massacre. Mais alors pourquoi tuer des enfants, une thérapeute de Collonge, un architecte ? »3 

Le juge Fontaine se souvient des familles des victimes, terriblement meurtries et « à la recherche d’une réalité rationnelle » qui se sont entendu dire
que « la rationalité était totalement absente de ce drame ». 

En attendant, les disciples perdus de l’OTS et les enfants assassinés plongent peu à peu dans l’oubli.

(Source : Libération, Marc Pivois, 26.06.2001 & Le Dauphiné.com, Denis Masliah, 23.12.2015)

1- Voir la vidéo sur le site de l’UNADFI, Les gourous de l’apocalypse : https://www.unadfi.org/groupe-etmouvance/les-gourous-de-lapocalypse

2- Lire aussi sur le site de l’UNADFI, Canada / Suisse / Macabre anniversaire : https://www.unadfi.org/groupe-etmouvance/canada-suisse-macabre-anniversaire
3- Lire aussi sur le site de l’UNADFI, Les massacres de l’OTS expliqués à mon petit-fils : https://www.unadfi.org/groupeet-mouvance/les-massacres-ots-expliqués-à-mon-petit-fils