Psychothérapies et dérives sectaires

Les Psychothérapies : Généralités


-*Les diverses professions du secteur « psy « 

Afin d’y voir un peu plus clair, quelques définitions nous semblent nécessaires :

Psychiatre : Titulaire du Doctorat de Médecine et rattaché à l’ordre des médecins, le psychiatre est spécialisé dans le traitement des maladies mentales et des troubles pathologiques de la vie psychique. Il est habilité à prescrire des traitements chimio-thérapeutiques.

Psychologue : Le titre de psychologue, reconnu depuis le Loi du 25 juillet 1985, est réservé aux seuls titulaires d’un diplôme universitaire de 3ème cycle (DESS de psychologie). Nombre d’entre eux ont une activité essentiellement orientée vers la psychologie clinique. Ils effectuent des bilans psychologiques, entretiens d’évaluation, d’orientation et de soutien psychologique, thérapies … Leur champ d’intervention s’étend aussi au monde du travail et de l’entreprise : organisation, recrutement, bilan de compétences, formation…

Seuls ces deux titres sont réglementés et, par conséquent, garant d’une certaine compétence.

Psychothérapeute : Il s’agit d’une fonction et non d’un titre. Les psychothérapies peuvent être pratiquées par des psychiatres et des psychologues ainsi que par des personnes formées à des techniques dans des écoles plus ou moins sérieuses.

Psychanalyste : il s’agit d’une fonction et non d’un statut. Les psychanalystes ont effectué eux-même une psychanalyse et sont inscrits auprès d’une institution ou d’une école qui supervise leur pratique. La psychanalyse découverte par Sigmund Freud apparaît à la fois comme une théorie du fonctionnement psychologique et comme une technique thérapeutique. Son objectif est la prise de conscience des processus psychologiques inconscients. Elle s’intéresse à l’histoire du sujet et, plus encore, au  » comment  » celui-ci a vécu son histoire.

N’importe qui peut s’intituler psychothérapeute ou psychanalyste.

Selon nous les psychothérapeutes et psychanalystes recommandables doivent avoir suivi une formation reconnue.

-*Qu’est ce que la psychothérapie ?

Les psychothérapies regroupent toutes les méthodes de traitement des difficultés et troubles psychologiques, voire des désordres somatiques, utilisant des moyens psychologiques et, d’une manière plus précise, la relation du thérapeute et du patient. Ainsi, la personnalité du thérapeute compte autant que la technique retenue.

Elles trouvent leur fondement dans différentes théories du fonctionnement psychologique. Les différents courants sont la psychanalyse, le cognitivisme, le comportementalisme et l’humanisme. Elles peuvent être individuelle, de couple, de groupe, de famille, institutionnelle et mettre en oeuvre des procédés verbaux et/ou non verbaux.

-*Les psychothérapies dites brèves

Selon J-C Benoit, psychiatre, elles constituent un ensemble hétérogène de méthodes psychothérapeutiques auxquelles peuvent être appliquées les notions de durée définie, de but thérapeutique désigné et de contrat précis. Le rôle actif du thérapeute donne une place de premier plan à des qualités praticiennes telles que l’empathie, la capacité diagnostique immédiate, la précision et l’opportunisme thérapeutique.

Ces thérapies sont orientées directement vers le traitement des symptômes : un objectif précis et limité est visé.

-*Les nouvelles thérapies

Depuis les années 70 les approches psychothérapeutiques se sont multipliées. Beaucoup d’entre elles viennent des Etats-Unis. Il s’agit d’un ensemble de méthodes orientées vers le mieux-être mais qui ne sont pas toutes du même ordre. Elles font presque toutes une place importante à l’approche corporelle et mettent l’accent sur l’expression émotionnelle et la communication non verbale ; elles s’intéressent plus au comportement, à la mise en actes qu’au discours. Elles sont orientées vers « l’ici et maintenant », la façon dont la personne s’exprime, agit et entre en relation dans le présent, plus que vers l’évocation du passé et la reconstitution de l’histoire du sujet.

Les nouvelles thérapies ne remplacent pas les anciennes; elles apportent des possibilités diversifiées de réponse aux différentes demandes qui peuvent se manifester dans le champ psychothérapique.

-*Comment s’engager dans une thérapie ?

S’informer sur la formation du thérapeute, sa réputation, son expérience professionnelle.

Se faire préciser les données du contrat qui vous liera au thérapeute : cadre thérapeutique, durée, fréquence des séances, prix, engagement concernant les vacances et les absences éventuelles.

Le coût des séances ne peut faire l’objet d’une prise en charge par la sécurité sociale et les mutuelles que si le psychothérapeute est médecin ou psychiatre.

-*Psychothérapies et Sectes

Il ne s’agit pas de dénoncer la psychothérapie comme étant un outil dangereux mais nous ne pouvons pas nier que son utilisation peut être source de multiples dérives : escroquerie, mise sous dépendance, exploitation, profits, sectarisme… En effet, les groupes sectaires n’hésitent pas à faire des emprunts aux techniques psychothérapeutiques. Non contrôlée, accessible à tous puisque, selon certains, chacun de nous en un rien de temps peut devenir psychothérapeute grâce à des formations payantes proposées par n’importe qui, la psychothérapie est un outil très intéressant pour les sectes et futurs maîtres à penser. Détournées de leur finalité par certains, toutes les techniques de psychothérapie peuvent être utilisées à des fins de mise sous dépendance. Ainsi, seront utilisés P.N.L, analyse transactionnelle, rebirth, hypnose, sophrologie, et bien d’autres encore, dans le but de déstabiliser les individus par un travail de remise en question de leurs représentations du monde extérieur et du monde interne, par l’acquisition de nouvelles connaissances et d’un nouveau langage, par la fabrication de certitudes et, enfin, de modeler la personnalité grâce à une relation privilégiée établie entre le thérapeute et le patient où la neutralité bienveillante et l’analyse du contre-transfert n’existent pas.

Instrument de transformation, la psychothérapie peut être exploitée comme un véritable instrument d’aliénation. En voici quelques exemples. Le rapport parlementaire sur les sectes en France (1995) regroupe un certain nombre de sectes sous la dénomination de mouvements « psychanalytiques ». Dans cette classification l’on y trouve La faculté de Parapsychologie, la Famille de Nazareth et l’Eglise de Scientologie, diverses organisations « prétendant guérir l’inconscient de traumatismes divers » (p. 54). D’autres associations ou organisations utilisent la psychothérapie, sous toutes ses formes diverses, afin de recruter des adeptes : les mouvements guérisseurs sont nombreux à exploiter ce créneau. D’autres encore ont des pratiques thérapeutiques qui, selon les témoignages, ne seraient pas s’en rappeler les techniques de manipulations mentales. En effet, grâce à certaines pratiques qui feraient revenir du fond de la mémoire des souvenirs traumatisants totalement oubliés (viols, inceste, maltraitances …), cause des troubles présents, des enfants se retournent contre leurs parents sur la base de ces souvenirs retrouvés. Ainsi, ces psychothérapeutes, formateurs, spécialistes de la maltraitance occasionnent des ruptures familiales et fidélisent leur clientèle. De nombreuses plaintes et témoignages ont été déposées contre ces thérapeutes par des familles qui se plaignent de l’utilisation systématique de la référence à l’inceste comme explication des désarrois et des conflits. Depuis une dizaine d’années, l’Amérique du Nord connaît bien ces dérives sous l’appellation du syndrome des faux souvenirs.

Aussi, par le biais de la psychothérapie, des thérapeutes appartenant à une secte peuvent recruter des personnes susceptibles d’intéresser le groupe.

Pour résumer, nous constatons plusieurs possibilités de dérive sectaire liée à la psychothérapie : un groupe qui propose une technique thérapeutique ; un thérapeute qui pratique la psychothérapie à des fins de manipulation mentale ; un thérapeute-adepte qui profite de son pouvoir de thérapeute pour l’influencer à adhérer à un groupe.