Les Fleurs de Bach : concerto pour pipeau

Au vu des centaines de milliers de fioles qui se vendent chaque année, les Fleurs de Bach aux innombrables vertus rencontrent un vif succès. Inventés par un homéopathe anglais, ces élixirs floraux n’ont pourtant jamais fait la preuve de leur efficacité. Pour Richard Monvoisin, docteur en didactique des sciences à l’université de Grenoble, « les pharmacopées à tendance magique promeuvent les raisonnements et les sophismes dont se servent les vendeurs d’Orviétan1 mais aussi les mouvements sectaires. Occulter le problème revient à fermer les yeux sur le terreau magico-mystique sur lequel les sectes s’enracinent, terreau qu’à l’évidence les pseudo-médecines alimentent. »

Dans les années 1930, le médecin britannique Edward Bach, partisan de l’homéopathie, met au point des élixirs à base de plantes sensés rétablir l’équilibre émotionnel. Il prétend que les émotions et les traits de personnalité perturbent le « flux vital », entraînant des dysfonctionnements physiques. Croyant, il pense que les remèdes se trouvent dans la nature que Dieu a créée. Il imagine deux manières d’extraire la quintessence florale : la « solarisation » et l’« ébullition ».

Selon Richard Monvoisin, Les Fleurs de Bach présentent toutes les caractéristiques d’une pseudo-médecine :

– Edification d’un mythe fondateur : un homme seul, mû par un destin, révolutionnant l’approche médicale envers et contre la médecine officielle ;
– L’utilisation d’un jargon pseudoscientifique ;
– Une théorie basée sur l’intuition ;
– Le recours à un corpus de témoignages positifs pour justifier l’efficacité ;
– L’absence de preuves scientifiques.

Sans compter les nombreuses incohérences… Le Dr Bach affirmait par exemple que ses élixirs n’avaient pas d’effet secondaire alors que toute substance ayant un effet pharmacologique est susceptible de provoquer des effets secondaires. Cette affirmation s’apparente en fait à un aveu d’inefficacité.

Depuis 2003, la publicité des Fleurs de Bach est interdite. Ainsi, l’ARS de Bourgogne Franche-Comté a fait savoir qu’elle estimait que ces produits n’avaient pas leur place en pharmacie. « Le pharmacien doit lutter contre le charlatanisme, notamment en s’abstenant de fabriquer, distribuer ou vendre tout objet ou produit présentant ce caractère » (Code de la Santé publique), a rappelé l’Agence.

Par ailleurs, la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires note qu’il existe des formations et stages payants autour des Fleurs de Bach, durant lesquels les pseudo-thérapeutes ont l’occasion d’exercer une emprise mentale sur les plus vulnérables.

(Source : Le Figaro Santé, 17.10.208)

1. Faux antidote des 17e et 18e siècles.