Une enfance au coeur de la secte

Jamey Anderson a été martyrisé pendant toute son enfance. Sa mère et son beau-père, membres de Word of Faith Fellowship, le battait pendant des heures avec une palette en bois ou l’enfermait dans une pièce sombre pour lui faire avouer de prétendus péchés. A cette époque il aurait voulu mourir pour que tout s’arrête.

Il n’avait que 4 ans quand sa mère a adhéré au culte. À l’école du groupe, l’école K.12, il était aussi victime de maltraitances. Les autres enfants étaient encouragés à le dénoncer pour la moindre incartade et il était emmené pour être frappé dans une autre salle d’où les enfants pouvaient entendre ses cris.

Dans le cadre d’une enquête menée par Associated Press sur la Word of Faith Fellowship des dizaines d’anciens membres de la congrégation ont déclaré que les membres de l’église étaient des criminels. Malgré les allégations d’abus pendant deux décennies, les autorités sont très peu intervenues. Ainsi quand il était enfant, Jamey Anderson avait été interrogé par des enquêteurs des services sociaux dans le bureau de la cofondatrice de l’église, Jane Whaley. Mais il avait bien trop peur de dire la vérité et on lui avait enseigné à mentir aux autorités. Il ajoute qu’en 2003 « l’Église l’a forcé à signer un affidavit disant qu’il n’avait jamais été abusé mais qu’au contraire la discipline de l’Église était la miséricorde de Dieu pour sa vie ».

Bien que l’Église nie, par la voix de son avocat, avoir maltraité Anderson, ce dernier insiste en racontant les séances de « dynamitage » dont il a été victime ; parfois maintenu par les poignets et les chevilles, il était roué de coups, ses cris étouffés par les hurlements de ses bourreaux. Jane Whaley justifie cette pratique par un verset des Actes des apôtres : « Quand tout à coup il vint du ciel un bruit comme la ruée d’une explosion violente et tremblante … »
Il accuse le groupe de travail forcé sur les enfants. Lui-même a été obligé de faire le ménage jusqu’à minuit, des travaux de maçonnerie ou de réfection pendant les heures de collège.

Aujourd’hui avocat, il a fui l’église à l’âge de 18 ans. Mais dix ans après, les conséquences de ce qu’il a subi dans le groupe se font encore sentir. Il a du mal à faire confiance, il est victime de terreurs nocturnes, souffre d’angoisses quand il repense aux coups qu’il a reçu, a des difficultés à s’adapter à la vie en société et craint que les gens ne croient pas son histoire et le pensent délirant.

Depuis qu’il est parti, tout contact avec sa mère et son frère est rompu. Il n’a même pas été prévenu du décès de son grand-père.

(Source : Time, 14.12.2017)