Une ancienne Travailleuse missionnaire témoigne et porte plainte

Le 17 mars 2015, une femme a déposé une plainte au commissariat de Caen (Calvados), contre la Famille missionnaire donum dei, association de la communauté des Travailleuses missionnaires, pour exploitation d’une personne réduite en esclavage. Cette plainte devrait permettre de faire la lumière sur les pratiques de cette communauté qui avait déjà fait parler d’elle à la suite des révélations inquiétantes d’ex-membres sur les abus de pouvoir du fondateur et des dirigeants, la gestion et le fonctionnement des restaurants, les atteintes aux droits fondamentaux des membres.1

Originaire d’Afrique, la plaignante pense avoir trouvé sa vocation et s’engage dans la communauté en 2001, à l’âge de 20 ans. Elle commence par travailler dans la chaîne internationale de restaurants de la communauté, l’Eau Vive.
D’abord à Marseille, puis dans le Doubs, elle cumule des journées longues et fatigantes, de 6h à minuit, du lundi au dimanche, et obéit indéfectiblement à tous les ordres. Elle ne doit parler à personne et encore moins aux gens de l’extérieur au risque d’être « empêchée de suivre sa vocation ».

Elle est ensuite envoyée à Domrémy (Vosges), puis à Rome et enfin à Lisieux où elle s’installe en 2007. Elle se souvient y être arrivée tard dans la nuit. Malgré la fatigue, une responsable est venue chercher les nouvelles arrivantes pour faire la vaisselle et du nettoyage. Ces responsables mentaient souvent aux pèlerins qui s’interrogeaient sur les conditions de travail.
En 2011, elle prend conscience de sa situation et décide de prendre la fuite.

Alertée, la Conférence des évêques de France prend ce dossier au sérieux. Son porte-parole a déclaré que si des personnes avaient « des revendications en termes de travail, il faut absolument que la justice soit saisie. Elles doivent déposer plainte ».

Aujourd’hui, la plaignante est la maman d’une petite fille. Elle vit toujours dans la peur et reste traumatisée. Suivi par un psychologue depuis un an, elle a trouvé la force de porter plainte.

(Source : Le Pays d’Auge, 16.04.2015 & Ouest-France, 21.04.2015)

1. Lire l’article descriptif du groupe sur le site de l’UNADFI :
https://www.unadfi.org/domaines-infiltration/formation-professionelle/famille-missionnaire-donum-dei-restaurants-eau-vive