Témoignage d’une ex-adepte de deux sectes

Ex-adepte de deux groupes sectaires, la Fraternité Saint Pie X et l’Ordre de Saint Charbel, l’australienne Claire Ashman consacre son temps libre à témoigner et à informer le public sur les caractéristiques des sectes.

Claire Ashman a été élevée au sein d’une famille membre de la Fraternité Saint Pie X. Ses parents sont devenus membres du groupe sous l’influence d’un prêtre qui refusait les évolutions de l’église locale. Attirant à lui de plus en plus de fidèles, le prêtre a finalement acheté une église près de Melbourne obligeant la famille de Claire à faire quatre heures de route, tous les dimanches, pour suivre ses prêches.

Les contacts avec l’extérieur étaient très limités. A l’âge de sept ans, elle fut déscolarisée et ses seuls camarades étaient des enfants du groupe. La télévision et l’accès aux journaux lui étaient interdits.
A l’âge de dix-huit ans, pour quitter le groupe, elle épouse son professeur particulier. Peu préparée à la vie en société et en manque de repères, elle pense que ce mariage la mettra à l’abri.
Accoutumée à l’idée d’obéir à son époux, elle le suit avec leurs cinq enfants pour aller vivre au sein de l’Ordre de Saint Charbel, communauté pseudo catholique située à Cambewarra, en Nouvelle Galles du Sud, dans un parc à caravanes entouré de barbelés. La communauté est dirigée par William Kamm, également surnommé le « Petit Caillou »1.

Durant les dix années qu’elle a passées dans le groupe, elle a principalement consacré son temps à stoker de la nourriture et du matériel en vue de l’apocalypse que William Kamm annonçait environ tous les six mois. Et lorsque la fin du monde n’avait pas lieu, il expliquait que cela pouvait être une mise à l’épreuve pour tester la foi des fidèles ou bien que le pire avait été évité grâce à la foi et aux prières de ses fidèles.
Les règles de vie imposées par Kamm étaient très strictes. Les adeptes se rendaient à des messes d’une heure trois fois par jour. Les femmes devaient constamment être occupées. Kamm ne supportait pas l’oisiveté. Il leur imposait le port de vêtements couvrants. La danse, les boissons alcoolisées étaient proscrites pour éviter de séduire les hommes.

Selon Kamm, « les femmes sont sous les hommes, parce que les hommes sont la représentation de Dieu sur la Terre ». Leur rôle est d’enfanter et de s’occuper des tâches ménagères. Soumise à la loi de son mari, Claire n’avait pas le droit de travailler et gagner de l’argent. Avant sa sortie du groupe, elle n’avait jamais eu de compte bancaire, et ne savait même pas utiliser un guichet automatique.
Interdites avant le mariage, relations sexuelles avaient pour unique but la procréation. Mère de cinq enfants à son arrivée dans le groupe, elle en a eu quatre de plus.
Lorsque Claire a fait remarquer à Kamm qu’il ne respectait pas les règles qu’il imposait aux autres, il l’a mise à l’écart et l’a menacée de punition divine.

Ne pouvant plus supporter cette vie, elle a profité d’une longue absence de son mari pour préparer son départ. Elle a vendu le matériel destiné à l’apocalypse et loué une maison. Au retour de son mari, elle lui a imposé de signer les papiers du divorce. En 2006, elle a pris la fuite avec ses huit enfants.

(Sources : Yahoo Lifstyle, 23.02.2017, Dailymail, 24.02.2017, News.com.au, 02.03.2017 & Illawarra Mercury, 12.02.2017)

1- Lire sur le site de l’Unadfi, La fille du gourou craint une récidive : https://www.unadfi.org/groupe-et-mouvance/la-fille-du-gourou-craint-une-recidive

À savoir

William Kamm prétend communiquer depuis l’âge de dix-huit ans avec Dieu et la Vierge Marie et être le dernier pape avant l’apocalypse. Il aurait reçu un message de la Vierge lui donnant pour mission de repeupler la Terre après sa destruction. Pour la mener à bien, il devait sélectionner 12 reines et 72 princesses parmi lesquelles figuraient des jeunes filles mineures.

En 2005, Kamm fut condamné à cinq ans de prison pour agression sexuelle, puis de nouveau en 2007 à quinze ans de prison pour les mêmes motifs. Même incarcéré, il n’a jamais cessé de diriger son groupe établi dans plusieurs pays. Depuis sa libération en 2014, il a repris ses prêches et transmet ses prophéties, sous le nom de William Costellia, grâce à son site Internet et à Youtube. En 2015, il a entrepris des démarches pour faire lever la surveillance de cinq ans que la justice lui a imposée.

(Sources : Yahoo Lifstyle, 23.02.2017, Dailymail, 24.02.2017, News.com.au, 02.03.2017 & Illawarra Mercury, 12.02.2017)