Témoignage d’un ancien élève de la Fraternité Saint Pie X

Christophe, âgé aujourd’hui de 28 ans, a été élève, de la primaire jusqu’au lycée, dans plusieurs établissements de la Fraternité Saint Pie X. La lecture d’un article sur le groupe paru dans l’Obs de juin 2017, lui a rappelé de douloureux souvenirs et l’a incité à témoigner.

Ses parents ont commencé à fréquenter la Fraternité Saint Pie X en 1996. Peu de temps après, Christophe et son frère furent inscrits dans une école primaire en Suisse, puis comme pensionnaires dans un collège non mixte situé dans l’Ain, dont l’organisation des journées était quasi monacale.

La vie des élèves était soumise à des règles strictes : interdiction de parler lors du petit déjeuner, d’écouter de la musique techno ou rock (« dangereuse pour le salut des âmes », voire satanique), pas plus de une à deux douches par semaine, chronométrées par un surveillant. Il se souvient d’une professeure qui frappait les enfants et les faisait pleurer.

Il raconte aussi comment la Fraternité Saint Pie X met en valeur des personnalités nationalistes (Pétain), dénigre des personnages (Les Lumières) ou des faits historiques (la Révolution française) pour éviter que ses principes traditionalistes ne soient contredits.

Il a été témoin d’actes racistes de la part de membres du groupe. Ainsi il se rappelle comment un chauffeur de bus1 maghrébin a été licencié sous la pression de parents qui refusaient que leurs enfants soient transportés par une personne d’origine étrangère. Il se souvient aussi d’une professeure qui ostracisait systématiquement un de ses camarades métis. De même qu’au lycée un prêtre, professeur de français, trouvait un malin plaisir à humilier un élève d’origine africaine. Mais pour lui, le pire fut son professeur de sport qui clamait haut et fort ses idées négationnistes.

Mais son petit frère fut envoyé dans le même lycée que Christophe. Considéré comme le frère du « traitre », il y subit les nombreuses brimades de la part des autres élèves. Sa mère le retira du lycée, mais cette expérience le plongea dans une dépression pendant plusieurs années.
Pour Christophe, quitter le groupe a été difficile. La découverte du monde « réel » ne fut pas facile. Faire des recherches sur Internet pour des exposés lui était inconnu. Beaucoup de ceux qu’ils croyaient être ses amis, ainsi que des membres de sa famille lui ont tourné le dos et il lui a fallu du temps pour se reconstruire. Aujourd’hui libéré de l’influence du groupe, il adresse un message d’espoir aux jeunes qui voudraient quitter la Fraternité Saint Pie X.

(Source : L’Obs, 20.07.2017)

Le Canard Enchaîné confirme les propos de Christophe sur l’enseignement dispensé au sein des écoles de la Fraternité Saint-Pie X.

Le journal s’est procuré plusieurs rapports de l’Éducation nationale qui relèvent de graves manquements dans le contenu des cours de plusieurs établissements du groupe. Les inspecteurs ont constaté que les cours d’histoire sont largement revisités ou passent sous silence certains faits comme l’extermination des Juifs et des Tziganes durant la Seconde Guerre mondiale. Des élèves ont, par exemple expliqué que « l’entreprise espagnole contre l’empire aztèque était juste, car ce dernier n’était pas une vraie civilisation ». D’autres ont appris que « la cause principale des croisades » est « l’apparition d’une horde de musulmans fanatiques ». La science n’est pas épargnée : l’étude de l’évolution et de la reproduction humaine est proscrite dans certaines écoles.

(Source : Le Canard Enchaîné 26.07.2017)

1. La fraternité Saint-Pie X propose un service de bus pour conduire des élèves dans ses diverses institutions.