Le gourou présumé de Saint-Louis de la Réunion

Mis en examen le 14 octobre 2015 pour « abus frauduleux de l’ignorance ou de la faiblesse de personnes en état de sujétion psychologique ou physique », Papa Sané, surnommé le gourou de Saint-Louis (Réunion), et sa femme Farida ont été écroués le 17 décembre 2015. Les enquêteurs le suspectent de dérives sectaires sur les membres de son groupe constitué exclusivement de femmes.

L’enquête fait suite à la plainte d’un homme ayant confié aux gendarmes que sa famille avait été complètement détruite par les agissements de Papa
Sané. Son ex-femme et ses deux filles, aujourd’hui majeures, étaient selon ses déclarations, « prisonnières d’une secte ». Ses deux autres filles, âgées
de sept et treize ans, garderaient le traumatisme de leur vie dans la secte. « Le monsieur nous a demandé de ne pas dire bonjour aux gens, de ne pas sortir,
de ne pas aller à l’école, de pas avoir de contact avec les membres de notre famille » a raconté l’une d’elle. La gendarmerie a extrait cette dernière de la
communauté grâce à l’intervention de son oncle. Certaines jeunes femmes scolarisées avaient cessé leurs études pour se consacrer exclusivement à leur
« nouvelle » religion, le mouridisme (branche de l’islam du Sénégal, pays dont Papa Sané est originaire).
 

Déjà placé en garde à vue en septembre, cet imam autoproclamé, âgé d’une trentaine d’années, était déjà suspecté d’abus de faiblesse et de violence sur
une vingtaine de femmes dont des mineures. Faute d’éléments, il est libéré.
Le 13 octobre, les forces de l’ordre procèdent à une nouvelle interpellation de Papa Sané ainsi qu’à celle des plus jeunes femmes du groupe pour interrogatoires. Les deux juges d’instruction en charge du dossier ont dénombré neuf victimes. Même si les dérives sectaires ne sont pas encore établies, de nombreux indices permettent de s’interroger sur les intentions de « l’imam ». Les gendarmes doivent rechercher des « témoignages permettant de déterminer si l’organisation et le fonctionnement du groupe vivant dans cette maison induisent des situations à risque ».
 

Difficile de savoir ce qui se passait réellement derrière les murs de la résidence de Papa Sané. Selon un maître à penser du mouridisme, l’enseignement de Papa Sané aurait dérapé au fil du temps et son enseignement était sujet à caution et personne ne connaît le dénommé Serigne Ahmadou Touré que
Papa Sané avait désigné comme son maître spirituel mouridiste.
Papa Sané et son épouse étaient libres, placés sous contrôle judiciaire strict mais le non respect des conditions de mise en liberté comme l’interdiction
de contacter les autres femmes du groupe, victimes et témoins de l’infraction, qui ont conduit les autorités à les incarcérer de nouveau.
L’enquête suit son cours.
 

(Sources : Réunion 1ère, 09, 16, 20 et 22.10.2015 & Clicanoo, 13 et 18.10.2015 & L’Info.re, Lucie Touzé, 18.12.2015)