La Cour suprême interdit Aum

Une décision rendue par la Cour suprême russe a interdit Aum et placé le groupe sur la liste des organisations terroristes.

Aum est arrivé en Russie à la fin des années 1980 avec la perestroïka. Très vite, de nombreuses personnes ont été attirées par ce groupe « exotique » qui propose de grandes méditations collectives dans des stades. Le groupe avait un programme quotidien à la radio et passait même à la télévision. Selon Alexander Dvorkin, président de l’association russe Center of Religious Studies, au début des années 1990, les Russes n’avaient pas encore développé de stratégie de prévention face aux sectes. Ainsi, lors de son arrivée en Russie, la secte a fait une campagne de promotion impressionnante, construisant plusieurs bâtiments pour montrer son opulence. À cette époque, Aum possédait 35 000 à 50 000 adeptes en Russie. Shoko Asahara, leader d’Aum, avait même rencontré le vice-président russe de l’époque. Des notes retrouvées dans l’un des sept bureaux de Moscou montrent que le gaz sarin utilisé lors des attentats de Tokyo en 1995 pourrait provenir d’une formule élaborée en Russie.

Après ces attentats, le groupe a été dissout mais n’a pas été placé sur la liste des organisations interdites. Aum s’est alors ajusté et a changé, restant très discret et modifiant ses modes de recrutement, passant par des cours de yoga ou encore par l’intermédiaire des réseaux sociaux. Les séminaires et congrès du groupe se déroulaient en Ukraine, puis en Turquie. En 2000, un groupe de membres d’Aum Shinrikyo ont été arrêtés dans le territoire de Primorsk, en Extrême Orient russe : ils projetaient une attaque terroriste au Japon et voulaient libérer Asahara.
 

Le tournant qui a amené la prise de décision de la Cour suprême est l’arrestation au Monténégro de plusieurs ressortissants russes faisant partie du groupe1. Cela a entraîné la perquisition de 25 propriétés appartenant à la secte japonaise Aum Shirikyo et à quelques-uns de ses membres à Moscou et Saint-Pétersbourg. Lors de cette intervention, la police russe a pu saisir les bases de données des membres de la secte. Selon le bureau du procureur général, le culte japonais pourrait avoir jusqu’à 30 000 membres en Russie.
 

Pour Alexander Dvorkin, cette interdiction du groupe ne permettra pas qu’Aum n’existe plus, mais l’adhésion au groupe sera une infraction pénale et la marge de manoeuvre de la secte sera considérablement réduite.

(Source: Russia Beyond The Headlines, 04.10.2016)
1- Lire sur le site de l’UNADFI, Aum aux Balkans : https://www.unadfi.org/groupe-et-mouvance/aum-aux-balkans