Cet ouvrage, basé essentiellement sur des témoignages, est le fruit d’une enquête menée entre le Chili et l’Europe par deux journalistes, Maria Poblete et Frédéric Ploquin. On y découvre comment les alliances passées entre la Colonia Dignidad et les autorités politiques chiliennes, notamment durant la dictature, ont permis à cette secte de prospérer en toute impunité durant quarante ans. Sous l’apparence honorable d’une « société de bienfaisance », la Colonia Dignidad était un camp retranché où les adeptes étaient drogués, maltraités, surveillés en permanence, privés de toute intimité. Tels des esclaves, ils travaillaient sans relâche et sans salaire. Durant de nombreuses années, des jeunes chiliens hébergés à la colonie ont été abusés ou violés par Paul Schaefer. En 1996, leurs témoignages déclencheront une enquête aboutissant à de nombreuses perquisitions ainsi qu’à la fuite du gourou mis en examen pour « abus sur mineurs ».
Pendant des décennies, les exactions de Paul Schaefer ont été couvertes par les autorités chiliennes Cette immunité a été acquise en coopérant activement avec le dictateur Augusto Pinochet. En effet, durant la dictature, la colonie a servi de lieu de détention et de torture à la police militaire, la DINA. Réfugiés politiques, anciens militaires, juges et avocats témoignent des sévices infligés aux opposants et des disparitions inexpliquées. Malgré le retour de la démocratie, la justice chilienne peine à faire reconnaître les crimes de la Colonia Dignidad, notamment les actes de tortures.