L’effondrement du gourou de la macrobiotique

Mario Pianesi, dirigeant d’un groupe prônant la nourriture macrobiotique, et quatre autres personnes, sont poursuivis par le procureur d’Ancône (Italie) pour des délits d’association criminelle, d’esclavagisme, de mauvais traitements, de blessures aggravées et d’évasion fiscale.

Mario Pianesi jouit d’une importante popularité en Italie et à l’étranger. Il est à la tête d’un véritable empire diététique et possède une centaine de boutiques et restaurants. Nutritionniste autoproclamé, il prônait une alimentation macrobiotique stricte censée guérir les adeptes, souvent vulnérables, de leurs maladies. Son régime appelé « Ma-Pi » consiste à ne manger que des céréales et des légumes, excluant tout aliment transformé. Ce régime alimentaire était inspiré des enseignements du philosophe japonais George Ohsawa1. Par ses positions contre les multinationales de l’agroalimentaire, les produits chimiques dans l’agriculture et la médecine, Pianesi s’est attiré le soutien d’organisations de défense de l’environnement ou de santé naturelle. Il répétait à ses adeptes que la médecine tuait et que les médecins étaient des assassins, n’ayant jamais étudié la médecine et ne possèdant comme qualification qu’un diplôme honoraire de l’académie des sciences de Mongolie. Son association, Un Punto Macrobiotico, regroupe plus de 90 000 membres.

Pour le chef de la police d’Ancône, les adeptes du régime macrobiotique étaient convaincus que leur régime leur faisait du bien et, en échange, ils travaillaient gratuitement dans les boutiques et restaurants de la chaîne de Pianesi, sacrifiant leur vie personnelle. Il manipulait ses adeptes leur demandant des dons en espèces, leur conseillant de ne rien manger, d’abandonner leur traitement médical au profit du régime macrobiotique. Un témoin raconte que devant des examens sanguins inquiétants, un cadre de l’association aurait affirmé que ce bilan sanguin n’était pas fiable car destiné aux personnes suivant un régime « chimique ». Les nouveaux adeptes devaient renoncer à toute activité professionnelle non macrobiotique, n’avaient pas le droit d’aller au restaurant, d’écouter de la musique, d’aller sur Internet, et s’éloignaient de plus en plus de la vie réelle. Leurs dons ou achats de produits étaient censés servir au financement d’une clinique macrobiotique et de contribuer au « bien de l’humanité ».

L’enquête a débuté en 2013 après qu’une jeune femme ait déclaré à la police que le régime allait guérir sa maladie. Certains adeptes ont subi d’importantes pertes de poids et ont vu leurs maladies s’aggraver. Pour l’instant, huit victimes se sont manifestées mais la police pense que d’autres risquent de le faire. Au sein du groupe, une petite fille dont les parents suivaient la doctrine du gourou est devenue sourde des suites d’une otite non traitée.

L’association Un punto macrobiotico est aussi mise en cause par le fisc italien pour ne pas avoir rempli ses déclarations fiscales entre 2012 et 2016.

(Sources: The Guardian, 14.03.2018 & Slate, 15.03.2018 & VSD, 19.03.2018)

1. http://www.sos-derive-sectaire.fr/FICHES/macrobiotique.htm