Écoles chrétiennes fondamentalistes, brimades et exorcismes au nom de Dieu

En juin 2016, une enquête menée par The Independent révélait le contenu discutable de l’enseignement des écoles chrétiennes fondamentalistes qui utilisent « l’Accelerated Christian Education » (ACE). Créée dans les années 1970, dans les états baptistes du sud des États-Unis, cette pédagogie est basée sur une lecture littérale de la Bible. Cet enseignement est critiqué par d’anciens élèves pour ses positions sur l’homosexualité, considérée comme contre nature, sa vision du rôle subalterne de la femme, ainsi que pour sa remise à cause de la science. Ces révélations ont amené d’autres anciens élèves à dénoncer les pratiques éducatives d’un autre âge dont ils ont été victimes dans les années 1980, 1990 et 2000.

 Le but de ces écoles est d’apprendre aux enfants à vivre au plus près des principes divins pour trouver le salut individuel. En dehors des études bibliques très poussées, le moindre écart de comportement entraîne le recours à des exorcismes collectifs, durant lesquels des témoins ont pu assister à des transes collectives.

Les éducateurs ont également administré des châtiments corporels : l’une des victimes explique que le déroulement de la procédure, était consigné dans un manuel de l’ACE, comportait trois phases : la confession, l’administration de la correction avec une palette de bois sur les fesses et la prière pour demander le pardon de Dieu. En 1998, les punitions corporelles ayant été déclarées hors la loi dans les écoles privées, l’ACE a modifié ses manuels.

Les anciens élèves dénoncent aussi le conditionnement au mariage dont les filles étaient l’objet dès leur plus jeune âge et le mariage de jeunes filles avec des hommes beaucoup plus âgés.
Enfin, ils témoignent de leur isolement social dû en partie à l’obtention d’un certificat de fin d’études non reconnu par les universités et le monde du travail, ce qui rend très difficile leur insertion en dehors de l’environnement de leur communauté religieuse.

Répondant aux allégations des anciens élèves, ACE Europe explique n’être pas responsable de la gouvernance des écoles qui applique leur méthode, et que les écoles inspectées par le gouvernement respectent les standards de l’éducation britannique.
Suite à ce reportage, Angela Rayner, parlementaire du parti travailliste (opposition) en charge de l’éducation, affirme que ces révélations devraient conduire le gouvernement à enquêter sans délai.

Le Ministère de l’éducation est l’autorité qui enregistre les écoles indépendantes (qu’elles soient ou non confessionnelles). Selon son porte-parole, les écoles doivent se conformer aux normes édictées par le ministère comme, par exemple, respecter la loi de 2010 sur l’égalité, sous peine de se voir exclu du registre des écoles indépendantes.

(Source : Independent, 19.09.2016)