Descriptif

Nous observons depuis plusieurs mois, le développement rapide de stages « néo chamaniques » à base de plantes hallucinogènes. Cette pratique nous interroge dans le sens où des jeunes gens, souvent en période dépressive ou en proie à des problèmes de toxicomanie, partent suivre ces cures, le plus souvent hors de tout contrôle médical.


Dans les sociétés dites « traditionnelles », les rites chamaniques sont des éléments structurants exercés dans un cadre spécifique. Le chaman est un officiant reconnu par sa communauté et les candidats à l’initiation chamanique possèdent les clés symboliques et culturelles permettant de décrypter les effets induits par des produits hallucinogènes ingérés et qui produisent des effets psychotropes et physiologiques à long terme.
Les occidentaux, apprentis chamans, utilisent ces produits dans une optique différente : une démarche de développement personnel ou thérapeutique, un sevrage toxicomaniaque. Limitée à l’absorption d’un produit induisant des états modifiés de conscience ainsi que des hallucinations très prégnantes, pouvant déstabiliser profondément, la cure ne prend pas en compte l’aspect culturel propre au rite chamanique. De fait, les hallucinations peuvent être mal vécues car les « initiés » n’ont pas de référent culturel permettant de les analyser et subissent l’initiation hors de leur « communauté » d’origine. Ils sont donc plus vulnérables psychiquement. L’absorption de produits hallucinogènes n’est pas anodine. L’UNADFI a été alertée à plusieurs reprises sur des cas où des désordres psychologiques graves, nécessitant un internement psychiatrique, sont apparus au retour d’un séjour « initiatique ».
En janvier 2007, trois responsables de stages de « mieux-être » à l’iboga, une plante hallucinogène d’origine africaine, ont été mis en examen pour homicide involontaire à la suite du décès d’un jeune toxicomane, lors d’un séminaire en juillet dernier, en Ardèche. Les trois principaux instigateurs du stage sont un couple d’une quarantaine d’années et l’administrateur, qui fournissait l’association en iboga. Deux autres personnes, décrites par le procureur comme « des assistants » ont été mises en examen pour « mise en danger d’autrui ».