Dans la secte

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Une bande dessinée en bichromie bleue et noire qui livre l’histoire de Marion une jeune fille comme les autres mais qui pendant une année s’est trouvée embringuée dans une secte : la scientologie. L’ouvrage est préfacé par Catherine Picard, présidente de l’UNADFI et co-auteur de la loi renforçant la prévention et la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales.
Le récit se déroule dans les années 80 mais l’histoire de Marion pourrait être celle d’une jeune fille d’aujourd’hui… et ainsi que le fait très justement remarquer Catherine Picard, au cours de ces années 80, presque personne ne parlait des sectes. Il y avait donc (encore) moins de raisons de s’en méfier.
Une postface signée de l’UNADFI passe à la loupe le cheminement de l’héroïne à partir de sa rencontre avec la secte. Tout le mécanisme d’emprise est analysé : chaleur des contacts qui savent envelopper Marion et la rassurer dès son entrée, usage immodéré de « l’abus de confiance » de la part des adeptes dont l’objectif est de recruter à tout prix…Un endoctrinement « en douceur » et des rapports humains à priori bénéfiques qui amèneront Marion à s’engager avec enthousiasme dans le tout le processus scientologue : programme de purification, séances d’auditions… Cet embrigadement est supposé résoudre « son angoisse existentielle ». Après une « formation » fort adroitement menée par une jeune femme amicale qui la prend « en considération », Marion se laisse, convaincre de quitter la France… en 48 heures. Destination : le Danemark. Ce que Marion ignorait, c’est que la scientologie a toujours besoin de renouveler son « staff » de recrues pour son Centre Européen de Copenhague…
Désir de changer de vie, de se lancer dans une nouvelle expérience, Marion est d’autant plus heureuse de tout laisser derrière elle qu’elle vit mal, et cela se comprend aisément, une rupture sentimentale et un licenciement. Elle s’imagine qu’elle n’a plus rien à perdre. Fatale erreur !
A son arrivée à Copenhague, Marion signe illico un contrat l’engageant « pour le prochain milliard d’années » ! [Réincarnation à la Ron Hubbard oblige !]. Mais elle se retrouve bientôt embarquée dans un drôle de bateau et qui plus est, au plus bas des statuts : celui de « laveur de pont » ! La BD rappelle le récit de Mona Vasquez et des anciens scientologues qui n’ont pas raconté autre chose : travail d’esclave, nourriture infecte, sommeil insuffisant, coupure avec le monde extérieur, entraînement quasi militaire, perte du sens de la réalité…
Affaiblie physiquement, Marion aura cependant un « déclic salvateur » et trouvera assez de force pour s’échapper. Mais presque à son insu, après avoir quitté la secte, Marion va continuer à penser et à agir en fonction des critères qui lui ont été inculqués. Il lui faudra du temps pour sortir de cette prison mentale et se réadapter au monde extérieur.
Le prix à payer sera néanmoins très cher puisque Marion va finir par accepter que la secte achète son silence en lui remboursant la somme d’argent qui s’était évaporée dans « les cours » et les formations scien-tologues. Elle sera ainsi privée « du processus de reconnaissance sociale » et de réparation. Cela sera tout bénéfice pour la scientologie ! Mais heureuse surprise de l’édition : la BD, elle, existe. Et l’histoire vécue de Marion à travers elle.
Un bon ouvrage didactique et de prévention qui a opté pour la simplicité de la narration et du dessin. Si le trait semble un peu naïf, c’est voulu. La BD reste ainsi à la portée des jeunes et des adolescents.

  • Auteur : Bande dessinée, scénario de Pierre Henri, dessin de Louis Alloing,
  • Editeur : Editions La Boîte à Bulles, 2005
  • Date de publication : 27/10/2006