Croatie / Les sectes aux portes du pouvoir

Les groupes sectaires et les gourous pénètrent les institutions croates, infiltrant les domaines de la santé, de la science, de l’éducation et de la politique, déclare Branka Dujmic-Delcourt, présidente du Centre d’information sur les sectes nuisibles en Croatie (Cisk) et membre de la FECRIS.


Le physicien et professeur à l’université de Split, Dejan Vinkovic, explique que la situation a changé après la fin du régime communiste et qu’après l’instauration du régime démocratique, sont apparus nombre de petits mouvements se réclamant de nouvelles philosophies, de thérapies ou de religions.

De plus en plus de citoyens semblent avoir adhéré aux « prétendus bienfaits de ces techniques » et, déplore le physicien, « leurs dangers sont presque complètement ignorés malgré les avertissements du Conseil de l’Europe et des organisations internationales ».

En outre, déclare Branka Dujmic Delcourt, ces pratiques reçoivent la caution morale ou le soutien financier de l’Etat et, occasionnellement, elles sont défendues par des universités et par certains médecins. Et pour renforcer la « confusion générale », ces mouvements ont de plus en plus accès à la télévision nationale à l’heure de grande écoute.

En novembre 2010, une conférence internationale sur les groupes destructifs publiait la Déclaration de Rijeka qui avait pour objectif de mettre en garde les institutions publiques et la population croates contre tous ces mouvements et de mettre en place un système de prévention et de contrôle. Or, cette Déclaration n’a toujours pas reçu l’aval du gouvernement.

Le 1er juillet prochain, la Croatie deviendra le 28e état membre de l’Union européenne. Dejan Vinkovic espère que les institutions européennes forceront alors la Croatie à adopter « des politiques avancées pour commencer à agir de manière plus responsable ». De son côté, Branka Dujmic-Delcourt émet le voeu que le pays aborde ce problème « de manière ouverte et transparente et qu’il pourra le résoudre dans l’intérêt de ses citoyens ».

Source : La Libre Belgique, S. dB, 27.03.2013