La pénurie de médecins ouvre la voie aux thérapies alternatives

La désertification médicale s’accentue en France et favorise la multiplication d’offres de « thérapeutes » autoproclamés ne possédant aucun diplôme d’État.

La Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires (Miviludes) recense plus de 4 000 psychothérapeutes hors réglementation et 300 médecins en lien avec une mouvance sectaire1. Les principales victimes de ces thérapeutes sont des personnes souffrant de maladies graves ou chroniques, contextuellement vulnérables. Les patients se tournent vers ces « thérapeutes », qui se revendiquent spécialiste du bien-être, car ils rencontrent des problèmes pour trouver un médecin, obtenir un rendez-vous ou ne sont pas satisfaits du temps que leur accorde leur médecin.

L’appellation « thérapeutes », qui n’est pas protégée (seul « psychothérapeute » l’est), est trompeuse. Certains exercent sous d’autres titres tels que « psychopraticiens » ou « psychothérapeutes hors règlementation ». Ces différents thérapeutes se regroupent souvent en « centre de bien-être » entretenant alors une confusion avec les maisons médicales de santé. Ils utilisent un langage pseudo-scientifique qui leur donne une certaine autorité. L’Ordre des médecins ne peut intervenir que si un médecin est en cause mais ne peut rien faire en cas d’infraction d’une personne pratiquant des thérapies alternatives. Seul un signalement de dérive sectaire est alors possible.

Serge Blisko, président de la Miviludes, met en avant les formations aux différentes pratiques alternatives qui ne font pas l’objet d’une certification. Ces formations sont en pleine augmentation et sont facilement accessibles aux chômeurs ou personnes en reconversion professionnelle et même, pour certaines, proposées par Pôle Emploi.

Les futurs « thérapeutes » peuvent bénéficier du financement de leur formation par le biais des organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA). Ces formations, souvent très courtes, leur permettent d’arriver très vite sur le marché alors que le domaine médical requiert en général de nombreuses années d’études. Des milliers de nouveaux thérapeutes se retrouvent ainsi sur le marché et séduisent habilement des patients déçus par le système de santé conventionnel.
Nicolas Pinsault, kinésithérapeute, constate que lorsque des faits s’opposent à une croyance, c’est généralement la croyance qui l’emporte et qu’il est bien plus pénible de constater qu’une thérapie ne fonctionne pas que de continuer à croire qu’elle peut être efficace.

(Source : Le Figaro, 30/10/2017 & Allo Med’Actu, 31/10/2017)

1. Lire sur le site de l’UNADFI, Un constat alarmant : https://www.unadfi.org/domaines-infiltration/sante-bien-etre/un-constat-alarmant