» Le meilleur des mondes ! « 

Dans l’hebdomadaire Marianne, le journaliste Christian Godin interpelle Martha Nussbaum sur sa conception de la tolérance religieuse, qu’elle expose dans son ouvrage Les Religions face à l’intolérance. Vaincre la politique de la peur[1] .


Martha Nussbaum est l’une des philosophes américaines les plus en vue aujourd’hui. Son ouvrage, traduit en français, étonne d’emblée par le bandeau « coup de poing » apposé sur la couverture : « Comment l’Occident est devenu islamophobe ». Elle postule que l’Europe s’enfonce dans la voie de l’intolérance religieuse et que la loi contre la burqa dans les espaces publics français « participerait d’une même intolérable intolérance que le référendum contre les minarets en Suisse ». Selon le journaliste, Martha Nussbaum comprend la laïcité comme une politique d’intolérance à l’égard des religions. Pour Nussbaum, la « laïcité à la française » est une…« Eglise d’Etat ».

Il rappelle que l’article 1er de la loi de 1905 stipule que « la République assure la liberté de conscience ». Une liberté de conscience qui garantit à tous, croyants ou non-croyants, la liberté vis-à-vis de la religion. Il rappelle également que le principe de la laïcité n’énonce aucune norme en la matière.

« L’auteur fait de la laïcité une sorte de lubie d’Etat ». En d’autres termes, Christian Godin explique que si l’Etat devait respecter les libertés de minorités telles que la philosophe le conçoit, il ne devrait interdire aucune de leurs pratiques, même si celles-ci seraient subies comme des contraintes par les personnes. « En somme, d’après Nussbaum, l’Etat devrait garantir la liberté d’agir à des groupes religieux qui interdiraient à leurs membres la liberté d’agir… Le meilleur des mondes ! »

Source : Marianne, Christian Godin, 12.10.2013

[1] Les Religions face à l’intolérance. Vaincre la politique de la peur, de Martha C. Nussbaum, Climats/Flammarion, 2013.