La sortie de secte

Les différents cas de sortie de secte relatés montrent tout d’abord que, comme toute autre personne, l’adepte d’une secte est dans une situation unique et présente un caractère propre. Il importe donc de respecter son libre arbitre.

On peut distinguer essentiellement deux types de sortie de secte : la sortie volontaire ou l’exclusion par la secte.
 

La sortie volontaire

 

Cette sortie résulte d’une motivation personnelle de l’adepte. Il réalise à un moment donné que, systématiquement manipulé, sa dignité d’Homme a été bafouée. Un tel moment est souvent bien localisé dans le temps.

A l’occasion d’un fait quelconque, il se produit tout à coup un déclic chez l’adepte : il voit la réalité autrement. Comme en chimie, il suffit d’ajouter dans une solution adéquate une faible quantité d’un produit pour que l’ensemble cristallise en quelques secondes. Le déclic se produit en effet sur le terrain préparé dans le subconscient où tout un ensemble de gênes, de doutes, de réminiscences, d’inquiétudes se sont accumulés. Un petit fait peut alors être déterminant pour rouvrir la conscience personnelle!

Bien que soigneusement anesthésié par des techniques très efficaces de captation mentale, l’esprit critique de l’adepte n’est pas tout à fait mort. Devant certaines incohérences, incongruités ou immoralités, il peut encore réagir. Les points d’interrogation s’enchaînent alors, amorçant une lente « remontée à l’air libre ». C’est pour l’adepte une longue maturation qui commence. Les contradictions de la secte (entre théorie et pratiques par exemple) ou ses choix de vie lui deviennent progressivement, mais aussi inconsciemment, intolérables. Il en résulte des hauts et des bas, des certitudes nouvelles mais aussi des peurs… Puis, brusquement il prend conscience de l’imposture initiale. La décision finale de quitter le groupe intervient alors, encore faut-il « passer à l’acte ».

Ce phénomène du déclic est bien réel. Les anciens adeptes savent en général le localiser, comme en sont la preuve certains des témoignages précédemment relatés. On n’en connaît pas vraiment le mécanisme, en particulier les conditions de son déclenchement : pourquoi six mois suffisent-ils à certains adeptes pour quitter une secte alors que d’autres y sont encore cinq ans après, voire dix ou même vingt ans ? Tout semble affaire de circonstances et de tempérament.

La sortie volontaire de secte est l’aboutissement d’un long cheminement, bien souvent difficile à vivre par l’adepte car tout est fait dans la secte pour rendre sa sortie impossible (endoctrinement, coupures diverses, pressions psychologiques, phobie du départ, etc…). Lorsqu’il veut ou va sortir, il est à contre courant du groupe dans lequel il a pris l’habitude de vivre, il est alors seul.

Cette sortie de secte peut être favorisée de l’extérieur. Des personnes qui ne font pas partie de la secte (en général les parents ou les proches) cherchent à aider l’adepte à se retirer. Il s’agit d’utiliser des circonstances favorables (rencontre amicale, séjour en famille…) pour amener l’adepte à modifier son regard sur le groupe auquel il appartient et à surmonter la peur de se retrouver seul. Il faut, dans tous les cas, attacher une importance particulière au respect de l’adepte, le reconnaissant toujours comme une personne capable de disposer se son libre arbitre, c’est à lui de décider. Les parents et les proches doivent s’armer de beaucoup de patience et d’amour ainsi que de pas mal d’humilité.
 

 

L’exclusion par la secte

 

Tout autre est la sortie provoquée par la secte. Comme son nom l’indique, elle n’est pas le fait de l’adepte lui-même, elle lui est imposée avec plus ou moins de violence. La secte (ou plutôt sa hiérarchie) décide de rejeter un de ses membres parce qu’il ne lui convient plus (il ne rapporte plus d’argent, il est malade, il devient gênant par ses paroles ou attitudes, etc…).

Devenu malfaisant aux yeux du groupe, l’adepte en est exclu. Il est alors déstabilisé : il perd l’affection d’amis, la chaleur du groupe, encore attaché aux références de la secte il est plein de remords. Il se sent dévalorisé, « au rebut ». C’est une situation imposée, subie brutalement sans que l’adepte y soit préparé et parfois sans savoir comment se faire aider.

Il est important que les parents et les proches lui apportent alors un soutien indispensable afin qu’il ne se retrouve pas en situation d’isolement.