Que faire ? Comment faire ?

Le mode de relations avec un adepte, les moyens à employer pour l’aider sont induits par son état de victime, même s’il apparaît comme complice objectif de la secte à certains égards.

Ainsi dans les échanges, la notion de jugement ne devra pas s’interposer. De nombreux témoignages de transfuges des Sectes révèlent la présence de la culpabilité en dépit des apparences de convictions affirmées. L’angoisse réprimée durant le parcours sectaire engendre une souffrance morale masquée par l’immersion dans le milieu.

De même qu’il est vain, voire dangereux, de dire à une personne en état dépressif : « secoue-toi », il est inapproprié d’inviter un adepte à constater l’anormalité de sa situation et de renforcer ainsi l’idée de faute et d’aberration.

En résumé, c’est la compréhension de ce qu’il vit, sans apitoiement et sans réprobation, que l’on tentera d’exprimer par son attitude.

A défaut d’une liste de recettes ou de trucs peu compatibles avec l’authenticité et la sincérité de la démarche d’aide, on peut néanmoins proposer quelques conseils, et recenser quelques erreurs à ne pas commettre.
 

 

Que faudrait-il faire

– Tout d’abord ne pas s’affoler.
– Vis à vis de lui, le plus important, si possible, est de GARDER LE CONTACT.
– Se montrer positif, calme, ouvert au dialogue.
Reconnaître avec lui qu’il est libre d’entreprendre une recherche, de faire un choix, même s’il se trompe, et qu’il est apprécié pour lui-même au-delà de ses convictions.
– Surtout ne pas heurter de front ses convictions nouvellement acquises. N’attaquer, fut-ce avec humour, ni le groupe, ni le « gourou ».
Compter davantage sur la tonalité affective des contacts à établir que sur le contenu rationnel des conversations – ou correspondances – possibles.
– Procéder par questionnement, pour comprendre, plutôt que par jugement (ou affirmations) de bon sens. Ne pas se livrer à des démonstrations intellectuelles (montrer qui a tort ou raison, relever ce qui est aberrant…).
– Relever, par contre, les contradictions évidentes, sans l’obliger à les justifier : cela ne peut que renforcer son adhésion au groupe.
Apprendre à connaître le vocabulaire du groupe et les conceptions qu’il enseigne. Présentement, ce sont les références privilégiées de l’adepte. Il importe de les connaître pour mieux maintenir le dialogue.

Pour tenter de faire échec à cette référence unique et exclusive, CULTIVER LES OUVERTURES REELLES :
– Centres d’intérêt qu’il possédait auparavant.
– Souvenirs familiaux ou d’amitié, vécus hors du groupe.
 

 

A éviter :

 

– Engager un débat sur le bien fondé des croyances et pratiques de la secte.
– Ridiculiser le comportement des membres de la secte
– Comparer son itinéraire à celui de proches, exemplaires à vos yeux.
– Questionner sur les motifs qui l’ont fait fuir vers la secte.
– Lui envoyer de l’argent, ou en envoyer au groupe. Sans soutien matériel, aucun groupe ne peut survivre. Prévoir plutôt un cadeau personnel et moins facile à transmettre, ou à monnayer.
– Se séparer de documents concernant le groupe.
On le comprend aisément, ces interventions ne peuvent que rigidifier l’intéressé dans ses comportements et l’inviter à se retrancher dans son milieu sectaire qu’il juge protecteur en la circonstance face à ce qu’il ressent comme une hostilité.

En revanche, il convient de souligner le caractère constructif de certaines interventions. Le système de rupture sectaire pervertit l’affectivité naturelle des adeptes, gomme des pans entiers de leur histoire personnelle, les éloigne du principe de réalité pour les projeter dans un avenir mythique. Toutes ces pressions ont pour effet de supprimer les repères et de désarticuler l’histoire propre de la personne à partir de laquelle elle s’est construite.
Chaque fois que l’on pourra, avec elle, renouer avec le passé en évoquant des moments forts, partagés avec d’autres, on se donne une chance de l’aider à se reconstruire.
Manifester, à chaque opportunité, que l’affection qu’on lui porte est intacte, que la porte lui est toujours ouverte mais que sa liberté d’en user est respectée, ne peut qu’être porteur d’espoir pour elle.
Donner des informations sur la vie des proches ou des événements de la vie quotidienne participent à la dédramatisation de la situation et montrent à l’intéressé qu’il existe une autre vie en dehors de la secte.
Si la personne en prend l’initiative, faciliter son expression sur ce qu’elle ressent et vit sans porter d’appréciation, mais en manifestant un intérêt sincère.
La partie à jouer est, ne la cachons pas, une partie difficile. Pour établir son plein pouvoir, la secte va s’efforcer de détruire ce qui s’y oppose de la façon la plus efficace : les liens familiaux et amicaux. Aussi il ne faut pas désespérer, ni se laisser culpabiliser par qui que ce soit, ni intimider par des campagnes de pressions qui pourront utiliser la calomnie, les menaces ou le chantage. On peut s’attendre aussi à des offensives de charme à votre égard de la part du groupe et de votre proche lui-même pour tenter de vous neutraliser : ne vous laissez pas séduire. Naturellement il ne peut être question de donner de l’argent ; ce serait apporter un soutient matériel au groupe et donc l’aider à survivre et à prospérer.

L’avis d’un avocat, d’un psychiatre ou psychologue peuvent être utiles voire indispensables pour aider la famille à comprendre la situation.

Faut-il abandonner la partie parce que l’intéressé est majeur et que certains diront « qu’après tout, il sait ce qu’il fait » ? Certainement pas. Et s’il dit lui même agir en pleine conscience et en pleine liberté de choix, ceci est loin d’être prouvé.

Toutes ces recommandations sont au service d’un objectif majeur : MAINTENIR ou RENOUER LE LIEN avec le milieu d’origine, sans effraction, la finalité étant que l’adepte se  » RE-CONNAISSE « , lui qui est devenu un AUTRE.