Observer pour comprendre

Observer quoi ? Il est important, avant tout, d’observer les signes qui traduisent un changement dans les attitudes et le comportement de la personne. Il ne s’agit pas pour autant de formuler un diagnostic à partir d’une grille normative et infaillible définissant un profil type de l’adepte. Chaque individu est unique et nous envoie des signaux qui lui sont propres. Ainsi, la conjonction d’indices significatifs nous permettra d’apprécier relativement les modifications du comportement par rapport à l’image antérieure que nous avons de la personne. C’est donc à un ensemble de manifestations que l’on s’attachera pour apprécier l’importance et le sens de l’évolution du sujet.

Les signes et symptômes

 

La personne exprime son identité par des formes d’expressions diverses que l’on peut recenser pour servir de guide d’observation des altérations d’une personne sous influence sectaire.

1. Le langage

Le vocabulaire de l’adepte est soudainement composé de mots nouveaux qui ne faisaient pas partie de son répertoire habituel. Ces mots, étrangers au langage commun, n’ont de sens que pour celui qui les prononce et renvoient à une sorte de code interne au clan sectaire.
Ce sont tantôt des néologismes fabriqués de toutes pièces par les inspirateurs de la secte, tantôt des termes empruntés à des textes de diverses traditions religieuses.
A mettre également au rang de ce nouveau vocabulaire, des mots connus mais utilisés avec un sens détourné.
D’une façon générale, la signification est brouillée et le contenu de la parole n’est accessible qu’aux initiés.
C’est bien connu,  » Parler, c’est parler de soi « . Or, l’adepte n’exprime plus ce qu’il est mais ce qu’on lui a imposé de dire et qui est extérieur à lui.

Les changements dans l’ELOCUTION qui est, à l’expression orale, propre à chaque individu. Celle-ci est souvent affectée par l’emprise de la secte. Le rythme, l’articulation sont modifiés, le ton est monocorde, le débit mécanique, les inflexions qui faisaient reconnaître la personne ne serait-ce qu’au téléphone sont gommées.
Enfin, dans le discours, abondent des citations répétitives.

Cette énumération qui n’est qu’indicative a pour but d’inviter à porter l’attention sur ce symptôme significatif de la transformation de l’individu. Ce qui vaut pour l’expression orale l’est aussi pour l’expression écrite dont la forme est modifiée dans le même sens.

2. L’expression corporelle

La communication avec les autres passe aussi, on le sait, par nos gestes, nos postures, nos mimiques.
Là encore, il pourra être donné d’observer, dans certains cas, des manifestations qui marquent une différence avec les comportements antérieurs.

Elles peuvent toucher :

– Le regard, parfois fixe, parfois fuyant, traduisant une certaine anxiété, ou bien porté  » ailleurs « .
– Le sourire ou absent ou béat.
– Les gestes, tantôt excessifs et inappropriés ou tétanisés.

3. Les modes et styles de vie

Les modifications des conduites dans la vie quotidienne sont souvent les symptômes les plus émergents. Ils concernent, en particulier :

– Le désinvestissement dans la vie familiale, affective, professionnelle ou scolaire.
– Le refus de certains loisirs et la désaffection pour les centres d’intérêts habituels.
– D’importants besoins financiers, non justifiés par le mode de vie, engageant la personne à solliciter des prêts de proches ou des emprunts bancaires.
– Des déplacements en France ou à l’étranger dont le but est gardé secret.
– Des participations astreignantes à des réunions ou cycles de formation.
– Des sollicitations extérieures répétées par courrier et/ou téléphone.
– Ces comportements, en rupture avec ce que l’on connaissait des habitudes de la personne, sont des signaux d’alerte pour les proches et qui font dire  » on ne le reconnaît plus « ,  » ce n’est plus le même « .
– L’adepte, en effet, a modifié ce qui exprimait en partie son identité.

C’est par l’observation de ces différents signes dont l’énumération n’est pas exhaustive que l’on tentera de confirmer l’impression globale de la transformation de la personnalité sous influence dont les premières manifestations intriguent et alertent : en particulier, les alternances d’agressivité et de repli sur soi. Ces troubles, pour inquiétants qu’ils soient, ne sont pas forcément imputables à une influence sectaire. Ils résultent peut-être de traumatismes, conflits non résolus ou accidents de parcours de la personne, engendrant un  » mal-être « .
En revanche, la convergence des symptômes comportementaux évoqués précédemment sont les caractéristiques d’une aliénation sectaire de la personne qui fait qu’elle ne s’appartient plus.