La fonction parentale dans les sectes

Comment les sectes conçoivent-elles le rôle des parents ? Y a-t-il une fonction parentale ? Et sous quelle forme ? Cette fonction, si elle existe, est toujours pensée à l’intérieur de la doctrine de la secte et n’a donc de sens qu’au sein de celle-ci.

L’enfant enjeu – L’enfant menace

En règle générale l’enfant est conçu à la fois comme un enjeu, du point de vue théorique (doctrine) et aussi pratique (extension de la secte), mais peut dans certains groupes apparaître comme une menace pour la toute-puissance du gourou.

L’enfant enjeu

Globalement, l’enfant est présenté comme l’avenir de l’humanité. Il doit être à l’origine d’une «nouvelle race humaine parfaite » selon le langage de la secte. L’éducation de l’enfant est donc posée comme un enjeu dépassant l’enfant lui-même et ses parents biologiques, elle est sous la responsabilité de la communauté sectaire qui établit une grille d’éducation pour que l’enfant devienne un adulte correspondant à
l’idéal de la secte.

Avant d’être un enfant, il est d’abord un adepte en devenir. Son éducation doit en faire un serviteur inconditionnel car il s’agit pour le gourou d’assurer la survie de la secte en préparant les enfants qui assureront la relève.

L’enfant est donc un élément important pour la survie et le développement de la secte.

L’enfant menace

L’enfant peut également représenter une menace car il risque de réveiller chez ses parents des sentiments d’amour filial suffisamment forts pour supplanter le gourou dans leur coeur; ou tout au moins pour les éloigner un temps du groupe au profit de leur enfant.

Les soins requis par l’enfant réduiront d’autant le temps consacré au prosélytisme ou aux tâches internes à la secte.

 

La fonction parentale dévoyée

La fonction parentale, exercée ou non par les vrais parents, est souvent régie par la doctrine de la secte. Parfois, le parent n’a eu qu’un rôle de géniteur. Il arrive même que ce rôle soit nié, la conception de l’enfant étant attribuée au gourou ou à des
« êtres supérieurs ». L’enfant devient alors l’enfantde la secte, qui sera sa seule famille.

C’est le gourou qui est le Parent, aucun autre attachement filial n’est possible. De même que le parent est totalement dépersonnalisé (il est ce que la doctrine veut qu’il soit), l’enfant n’est pas élevé en tant qu’individu avec les droits et les devoirs respectifs de son âge mais comme un futur adepte pour qui la doctrine tient lieu de pensée et de loi. C’est elle qui détermine sa place, son statut, sa vie quotidienne.
On peut alors parler de confiscation de l’exercice de la fonction parentale par la secte. Celle ci pouvant être encore plus radicale dans une communauté fermée.

L’article 371-1 du Code civil prévoit que l’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant.

Elle appartient aux père et mère jusqu’à la majorité ou l’émancipation de l’enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne.

« …Vous devez accomplir votre tâche comme si vous étiez dépositaire et seulement dépositaire. Mais vous ne devez pas vous attacher à lui [l’enfant]: c’est Mon Travail!
Vous devez Me le laisser (…) j’ai déjà donné des instructions sur ce qui doit être fait pour l’enfant. Mais ces enfants sont les miens et pas les vôtres (…). Trop d’attachement aux enfants est signe de dégradation.
Sahaja Yoga. Revue Nirmala Yoga n°4, 1984